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Livre aux armes de Marie-Antoinette : Le Beau garçon, ou Le Favori de la fortune de John Seally

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John SEALLY, Le Beau garçon, ou Le Favori de la fortune, Londres et Paris, veuve Duchesne, 1784

2 tomes en un vol. in- 12, 174-184 pp.

Reliure demi-basane brune et carton bleu, aux armes de Marie-Antoinette

Osenat Versailles
Hôtel des ventes du Château, 13 avenue de Saint-Cloud 78000 Versailles

Dimanche 24 mai 2020 14h
Lot 50
Estimation : 2000-3000€ 

Acquisition grâce au mécénat de M. Jérôme Plouseau et M. Christophe Caramelle par l'intermédiaire de la Société des Amis de Versailles en 2020. 

John Seally (1742-1795) est un homme de lettres et journaliste anglais. Outre A complete Geographical Dictionary (Londres, 1787), The Lady's Encyclopaedia (Londres, 1788), il est l’auteur d’un opéra, The Marriage of Sir Gawaine (1782), et de quelques romans : The Loves of Calisto and Emira, or the Fatal Legacy (Londres, 1776 ; traduit en français, 1778), Moral Tales after the Eastern manner (1780?). Il eut ensuite une carrière religieuse. Il demeure un écrivain médiocre, mais ses romans dans la veine sentimentale à la mode dans les années 1780 eurent du succès.

Le roman The Irishman, or The Favourite of Fortune est paru en 1772 en Angleterre, traduit en 1779 par Jean-Baptiste-René Robinet (1735-1820) en français, sous le titre de Le Favori de la fortune, réédité en 1784 : Le Beau garçon, ou Le Favori de la fortune

Il figure sous ce titre dans le catalogue des livres de Marie-Antoinette composé à partir de 1781.

 La bibliothèque de Marie-Antoinette

Dès son arrivée en France, la jeune dauphine trouve une bibliothèque composée à son intention par le sous-précepteur des Enfants de France, l’abbé de Radonvilliers. La gestion de l’ensemble est confiée à un bibliothécaire, Jacob-Nicolas Moreau. Devenue reine, Marie-Antoinette témoigne un intérêt réel pour ses livres et fait modifier à plusieurs reprises les lieux qui leur sont destinés dans ses appartements. La bibliothèque que nous connaissons aujourd’hui, achevée en 1781, est complétée deux ans plus tard par une pièce de service transformée en « Supplément de bibliothèque ». La reine fait également installer des bibliothèques dans son appartement du rez-de-chaussée, mais aussi à Trianon, où un petit cabinet d’entresol accueille une « bibliothèque de campagne », vouée davantage à la distraction qu’à l’étude.

On connaît la composition de la bibliothèque de la reine grâce à plusieurs catalogues manuscrits, rédigés à des périodes différentes (entre 1781 et 1792). Elle contenait près de 500 titres, pour un ensemble de 1800 volumes environ, ce qui correspond à peu près à la capacité estimée de la bibliothèque. Les collections de la reine s’organisent en grandes divisions (religion, histoire et arts, belles-lettres). Il s’agit davantage d’une bibliothèque d’usage, bien équilibrée, que d’une collection de bibliophile. On sait que Marie-Antoinette a une certaine prédilection pour la littérature romanesque, les ouvrages divertissants, le théâtre et la musique. On trouve sur les étagères de Versailles tous les grands auteurs, les classiques latins et grecs comme les écrivains français et étrangers : La Fontaine, Boileau, Corneille, Molière, Racine, Regnard, Crébillon, Destouches, Voltaire, Rousseau, Beaumarchais, Madame de Sévigné, Madame de La Fayette, Lesage, mais aussi Le Tasse, l’Arioste, Goldoni, Cervantès, Defoe, Fielding, Richardson… Mais ses bibliothécaires veillent à ce que les sections moins goûtées par la souveraine ne soient pas négligées pour autant : théologie (Pascal, Bossuet, Fénelon, Bourdaloue, Massillon, Nicole), histoire (Mézeray, Montfaucon…), sciences (Buffon, Nollet, Duhamel du Monceau…).

Le catalogue royal s’enrichit surtout des nouveautés. La reine se fait également présenter ou offrir des livres à l’occasion d’un déplacement ; des auteurs viennent aussi à Versailles présenter leur exemplaire de dédicace et sont souvent reçus par la souveraine elle-même.

La reine possède en outre une importante bibliothèque musicale (partitions et livrets) alimentée par les Menus Plaisirs.

Bien gérée, la bibliothèque sert à la souveraine et à son entourage. Des mentions manuscrites en marge des catalogues indiquent régulièrement des prêts, précisent des déplacements et relèvent des manques ou des disparitions. Excepté quelques cas exceptionnels, les livres de Marie-Antoinette à Versailles sont reliés sobrement, en maroquin rouge ou vert, à ses armes. Certains ouvrages, plus légers – petits romans à la mode, journaux, pièces de théâtre-, sont couverts d’une demi-reliure de carton de couleur, rose ou bleu, et veau ou basane.

En 1789, la majorité des livres de la reine sont transférés de Versailles au château des Tuileries, où ils servent à l’ensemble de la famille royale. Les livres de Marie-Antoinette, dans leur grande majorité, ont été saisis et se trouvent dans les collections nationales : les ouvrages des Tuileries furent envoyés à la Bibliothèque nationale ; quelques institutions publiques ont reçu des ouvrages provenant de la reine. Quant aux livres égarés, prêtés par la reine, oubliés à Versailles, volés, ou simplement négligés, ils constituent une masse qu’il est malaisé d’estimer. Depuis le XIXe siècle, les livres aux armes de la reine apparaissent régulièrement sur le marché de la bibliophilie.

La réouverture des petits appartements de la reine et tout particulièrement de la bibliothèque et du supplément restaurés, est l’occasion de présenter quelques ouvrages qui permettent d’évoquer dans les lieux mêmes qui les ont jadis abrités l’intérêt et le goût de Marie-Antoinette pour le livre.

Cet ouvrage rejoindrait ainsi la petite dizaine de livres aux armes de la reine, dont un seul présente cette demi-reliure en carton que l’on trouve souvent à la Réserve de la BNF

Elisabeth Maisonnier

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