Le Bosquet des Trois Fontaines
Un des Bosquets à découvrir de manière gratuite et illimitée pendant les Grandes Eaux Musicales de jour, en devenant membre de la Société des Amis de Versailles !
Créé par l’architecte jardinier André Le Nôtre au XVIIème siècle et laissé à l’abandon depuis plus de deux siècles, le bosquet des Trois Fontaines a été restauré en juin 2002, grâce aux American Friends of Versailles, en collaboration avec la Société des Amis de Versailles.
Ce mécénat a constitué le plus gros don jamais effectué par des Américains depuis celui de Rockefeller dans les années 1930 pour contribuer à l’entretien et la restauration de Versailles. Six cents donateurs d’outre-Atlantique ont financé aux deux-tiers la restauration de ce bosquet, qui a coûté 5,5 millions d’euros. La collecte de fonds pour le financement a duré 7 ans.
Egalement appelés « cabinets de verdure », les bosquets, dès l’époque de Louis XIV jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, étaient utilisés comme des sortes de salons en plein air abrités par des espaces boisés. Le roi y donnait des fêtes et des spectacles.
Une documentation très riche, constituée de gravures du XVII et du XVIIIème siècle ainsi que de récits d’époque, a permis de faire des fouilles archéologiques et d’envisager cette restauration.
Seul des douze bosquets des jardins de Versailles à être mentionné sur un plan ancien comme étant « du dessein du Roy », le bosquet des Trois Fontaines a été créé par André Le Nôtre en 1677-1679.
L’annotation laisserait entendre que Louis XIV aurait participé de près à l’ordonnancement des plans. « Avec son symétrique, le bosquet de l’Arc de Triomphe, il définit la première perspective transversale des jardins entre le bassin de Neptune et le Parterre du nord » rappelle Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques. Caractérisé par l’absence de décors sculptés et par là-même unique en son genre dans le parc du château, le bosquet « tirait ses effets décoratifs de l’association du végétal aux seuls jeux d’eau ; il se singularisait ainsi par son caractère naturel et son extrême pureté ».
Le Nôtre n’affectionnait pas que les paysages rectilignes et rigides. Ainsi l’atteste le plan de ce bosquet, où l’architecte jardinier sut jouer sur des décalages, mêlant des matériaux précieux et d’autres plus rustiques et croisant des perspectives et des angles de vue. Le bosquet « s’étageait en trois terrasses organisées selon la pente naturelle du terrain, qui s’élargissait au fur et à mesure de la descente », et les terrasses étaient « reliées entre elles par des ensembles de cascades et de rampes de gazon ». Quant aux bassins, ils «se différenciaient par leurs formes, leurs dimensions et leurs effets d’eau » : une gerbe centrale jaillissait du premier, les jets organisés autour de quatre lances créaient une voûte d’eau dans le second, tandis que le dernier, orné d’une fontaine centrale de rocailles, offrait un ensemble de jets s’épanouissant en motif de fleur de lys.
Il faut savoir que ces bosquets, à l’instar de l’Orangerie, des parterres, du potager et des différents bassins, ont été construits sur des terres qui n’étaient que bois, prairies et marécages. De ce fait, autant de mètres cubes de terre et de milliers d’arbres, acheminés de toutes les provinces de France, ont demandé à l’époque la participation de milliers d’hommes et quelquefois de régiments entiers pour participer à l’entreprise.
Victime de la dispersion du mobilier royal à l’époque révolutionnaire, d’un manque d’intérêt et d’entretien dans les années qui suivirent, des guerres ravageuses de 1870, 1914 et 1940, le bosquet de Trois fontaines avait fini par tomber dans l’oubli et par disparaître dans la nature. Avec le temps, les arbres avaient porté ombrage aux charmilles, les statues avaient été perdues ou déplacées, et les fontaines détériorées. La reconnaissance archéologique a donc permis de retrouver des fragments de rocailles et de coquillages qui appartenaient aux décors d’origine, ainsi que «la rampe en pierre installée en partie sud du bosquet pour faciliter l’accès de Louis XIV, à la fin de son règne, lors de ses promenades en chaise à roulettes » explique Pierre-André Lablaude.