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La Nourrice, Le Déjeuner



1] La Nourrice, Louis-Simon BOIZOT (Paris 1743 - 1809)

2] Le Déjeuner, Josse-François-Joseph LE RICHE (Mons 1741 - 1812)

Vers 1775-1780

Manufacture royale de Sèvres

Porcelaine Biscuit, pâte dure

1) H. 0,198 x L. 0,218 x Pr. 0,155 m

2) H. 0,192 x L. 0,207 x Pr. 0,162 m Marques : 1) 8 en creux ; 2) Bn en creux MV 8953 1 et 2

Acquis en 1996. Don de la Société des Amis de Versailles.

 

En 1774, Louis-Simon Boizot, sculpteur du roi et directeur de l'atelier de sculpture à la Manufacture de Sèvres, créa un petit groupe en biscuit de Sèvres intitulé « La Nourrice ». Une jeune mère allaite son enfant, la servante tenant le berceau par le bras, un petit garçon et sa soeur aînée jouant autour de leur mère.

En 1775, Boizot conçut un groupe en biscuit, « La Toilette », plus important, à six personnages, modelé par Josse-François-Joseph Le Riche et, en pendant au premier groupe et toujours modelé par Le Riche, un groupe appelé « Le Déjeuner ». Les trois pièces formaient un surtout de table. Le groupe de La Toilette coûtait 360 livres, « La Nourrice » et « Le Déjeuner » revenaient ensemble à 264 livres.

La scène du Déjeuner représente les personnages autour d'une petite table, la servante versant le thé. La mère donne du pain à sa fille tandis que le petit garçon s'amuse.

Les modèles de Boizot s'inspirent des estampes de Moreau le Jeune, en particulier la première suite d'estampes pour servir à l'histoire des mœurs et du Costume des François dans le dix-huitième siècle, édité par Moreau le Jeune en 1775. Les planches étaient exécutées d'après les dessins de Freudeberg. Cette suite illustrait les modes de 1773 et 1774 et l'on y voyait la vie d'une jeune femme. On admire l'art de Boizot : les harmonieuses compositions, les attitudes gracieuses, la qualité du modelé et du détail, avec une vivacité et un brio sans égal.

Ce surtout plut à Louis XVI qui acheta deux exemplaires à la fin de 1775. L'un est mentionné pour le service de la salle à manger des Porcelaines à Versailles en 1791 et l'autre était certainement destiné à la reine. Le surtout connût le succès mais Sèvres ne réalisa ces groupes qu'en peu d'exemplaires, principalement achetés par la famille royale. Louis XVI avait acquis en 1776 une paire de vases de Sèvres à trois gorges du même sujet d'après les groupes de La Nourrice et du Déjeûner signalés en 1790 sur la cheminée du « Cabinet très particulier du Roi », ancienne pièce des bains de Louis XV. Ces achats révélaient une véritable sensibilité de Louis XVI pour des sujets célébrant l'enfance et la famille.

Notice de Pierre-Xavier Hans.

 

BIBLIOGRAPHIE

Ch. Baulez, « Acquisitions », Revue du Louvre , 1996, no 5-6, p. 108. Ch. Baulez, « Versailles et la porcelaine de Sèvres, un septennat très positif », Versalia , 1998, n° 1, p. 18-21.