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Quatorze études pour le Serment du Jeu de Paume



Jacques-Louis DAVID (Paris 1748 - Bruxelles 1725)

Plume et encre noire, lavis gris, sur traits de crayon (excepté pour l'étude d'homme en haut à gauche, exécutée à la mine de plomb) sur papier crème

0,490 x 0,600 m

Annotations au crayon de la main de David, en haut à gauche : martin D'auch, au centre : ceux qui arrivent peuvent / encore avoir leurs chapeaux sur la tête / par distraction , à droite : arrivés donc arrivés donc .

Le long du bord droit, essais de plume et de teintes de gris. Mise au carreau partielle à l'extrême droite de la rangée médiane. P

ièce de papier irrégulièrement découpée collée en plein à droite du premier groupe, à gauche sur la rangée médiane.

MV 7124. Inv. dessins 19

Provenance : Cité en 1880 dans la collection de Saint-Albin. Vente de Saint-Albin et Jubinal, Paris, 11-12 mars 1886, lot 182, adjugé 500 francs. Cité en 1889 dans la collection de P. A. Chéramy. Vente Chéramy, Paris, 14-16 avril 1913, lot 428, adjugé 1 200 francs à Schoeller.

Acquis en 1913. Don de la Société des Amis de Versailles.

 

 « L’Assemblée Nationale, considérant qu’appelée à fixer la Constitution du royaume, opérer la régénération de l’ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu’Elle ne continue ses délibérations dans quelque lieu qu’Elle soit forcée de s’établir, et qu’enfin, partout où ses membres sont réunis, là est l’Assemblée nationale ; Arrête que tous les membres de cette Assemblée prêteront à l’instant serment solennel de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que, ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’ eux en particulier confirmeront par leur signature cette résolution inébranlable ».

 

Les mots résonnent presque encore dans la salle du Jeu de Paume à Versailles où les 630 députés présents s’étaient réunis le 20 juin 1789 après l’échec des Etats Généraux. Par ce serment s’exprimait l’union de la nation. Très vite, le caractère particulièrement fort de l’événement s’imposa aux esprits. Dès le 20 juin 1790, le lieu faisait l’objet d’un pèlerinage commémoratif et accueillait un banquet des membres de la Société du Jeu de Paume. Dès 1789, le serment fut aussi popularisé par des gravures. Ainsi que le précise Antoine Schnapper, il semble que David songea à illustrer l’épisode au début de l’année 1790.

Le 28 octobre, à la Société des Jacobins, Dubois-Crancé prononça à l’instigation du peintre un discours au cours duquel il demanda que l’artiste soit chargé de réaliser l’image du serment fondateur. La somme allouée à l’entreprise était de 72 000 livres, dont la moitié pour le peintre. Elle devait être donnée par 3000 souscripteurs qui, contre 24 livreschacun, recevrait une épreuve de l’estampe décrivant la composition. Le 29 décembre 1790, le projet fut entériné par les Jacobins. Il était prévu que la souscription serait ouverte du 1er janvier au 1er avril 1791 aux membres des Sociétés des Amis de la Constitution, véritable nom des sociétés des Jacobins.

Le 17 juin 1791, 5631 livres avaient été réunies. Devant le peu d’entrain manifesté par les souscripteurs, David chercha à trouver de l’argent auprès d’autres personnes qui n’étaient pas forcément des Jacobins. Le projet avait été en fait fragilisé par la succession rapide des événements. La si belle union affichée le 20 juin 1789 s’était rapidement morcelée et certains de ceux qui avaient prêtés serment ne trouvaient plus grâce aux yeux des Jacobins.

Appelé à prendre une part plus active dans la politique de ces années-là, David laissa inachevé l’immense toile entreprise et sa tentative pour l’achever quelques années après demeura sans suite. Pour peindre la composition, il avait néanmoins multiplié les études préparatoires. Portant la date du 14 mars 1790, le carnet de Versailles (inv. MV 7800) semble être le premier travail réalisé. L’artiste y multiplie les études de personnages, et certaines présentent déjà les attitudes définitives. Il en est de même de la feuille dite « Cheramy » réunissant quatorze études. Plusieurs de ces dernières n’offrent pratiquement pas de variantes avec les personnages du grand dessin montré au Salon de 1791. D’autres figures, en revanche, ne s’y trouvent pas et témoignent du caractère préliminaire de la feuille. L’étude d’ensemble du Fogg Art Museum de Cambridge (Massachussetts) et le carnet du Louvre (inv. RF 36942) furent ensuite exécutés.

Un troisième carnet de dessins, disparu, leur était contemporain. David hésitait encore quant à l’aspect définitif de sa composition. Tout ce matériel lui servit pour le grand dessin abouti destiné à être le modèle de la gravure des souscripteurs (Château de Versailles, inv. MV 8541). Celui-ci fut achevé fin mai 1791, puis présenté au Salon à partir du 15 septembre. Il permet aujourd’hui d’imaginer aisément ce que la toile monumentale aurait été. 

Notice de Xavier Salmon.

 

BIBLIOGRAPHIE

P. Bordes, 1983, n° 23, p. 202, repr. fig. 82. Serullaz, 1989-1990, n° 110, p. 266, repr. p. 267 (avec bibliographie détaillée, à laquelle on se reportera).

R. Wrigley, 2003, p. 9-24, repr. p. 15, fig. 9. X. Salmon, 2006, n° 41, p. 100-103, repr.