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Dessins provenant de l'atelier des frères Rousseau (huit)



Atelier de Jules-Hugues ROUSSEAU (Versailles, 1743 - Lardy, 1806) et de son frère Jean-Siméon (Versailles, 1747 - Paris, 1820), surnommés ROUSSEAU l'Ainé et ROUSSEAU de la Rottière.

Provenance : Collection de Louis-Siméon ou Henri-Louis-François Gillet, petit-fils de Rousseau de la Rottière.

Acquis en 1955. Don de la Société des Amis de Versailles.

 

Depuis le règne de Louis XIV, les Rousseau furent intimement liés au chantier de Versailles. Alexandre Rousseau, dit de Corbeil, participa au décor sculpté de la chapelle royale. Son fils Jules-Antoine (1710-1782), après avoir été élu membre de l'Académie de Saint-Luc en 1753, fut l'auteur en 1755 des trophées sculptés sur les lambris du Cabinet du Conseil. A partir de 1767, ses deux fils Jules-Antoine et Jean-Siméon collaborèrent avec lui, en particulier pour la nouvelle salle des bains de Louis XV en 1770, et pour la bibliothèque du roi en 1774. Le 1er janvier 1777, Jules-Antoine cessa son activité à leur profit.

Pierre de Nolhac fut le premier à souligner toute l'importance des travaux conduits par les deux frères, Jules-Hugues dit Rousseau l'Ainé, et Jean-Siméon dit Rousseau de la Rottière. Désigné en 1774 comme « dessinateur et premier sculpteur des Bâtiments, Chambre et Cabinet du comte d'Artois » et en 1779 comme « sculpteur des Bâtiments de la Reine», Jules-Hugues, et son frère Jean-Siméon, également qualifié en 1780 de « peintre et décorateur de la Reine », ont laissé parmi les plus beaux décors de goût arabesque et antiquisant qu'il soit encore possible d'admirer.

Pour le continuel chantier que fut Versailles, les deux hommes réalisèrent de nombreux dessins préparatoires dont la diversité illustre leur champ d'activité. Pour Marie-Antoinette, en collaboration avec son architecte Richard Mique, ils donnèrent ainsi les motifs ornementaux de plusieurs ensembles de lambris. En 1781 fut ainsi renouvelé le décor du cabinet de la Méridienne, situé dans l'appartement privé derrière la chambre d'apparat.

A cette occasion, les Rousseau créèrent les motifs ornementaux des boiseries. Probablement soumis à la souveraine qui surveillait les modifications du décor de ses petits cabinets, le dessin préparatoire donna satisfaction. Suivant le modèle, les lambris furent sculptés de tiges de rosier, de cœurs percés de flèches, de dauphins, de paons et d'autres accessoires illustrant l'amour conjugal et faisant allusion à la naissance prochaine et espérée d'un héritier mâle. Loin d'être uniquement circonscrite au domaine de l'ornement décoratif, l'activité des Rousseau les conduisit aussi à donner les modèles de certains éléments d'architecture.

En témoigne le projet de la cheminée en griotte d'Italie et bronze exécutée pour le petit appartement de la Reine aménagé en 1784 au rez-de-chaussée de la cour de marbre à l'emplacement de certaines des pièces occupées jusqu'en 1782 par Madame Sophie. D'un dessin épuré, la cheminée fut remontée en 1836 dans la chambre à coucher du roi au Petit Trianon. Le dessin d'un écran de cheminée avec sa feuille au chiffre de Marie-Antoinette illustre aussi un autre aspect de l'activité des Rousseau.

Particulièrement précieuse, cette étude a été rapprochée par Christian Baulez de l'écran appartenant au nouveau meuble d'hiver livré en 1789 par Georges Jacob pour le cabinet doré de l'appartement intérieur de la reine. Vendue pendant la Révolution, cette pièce de mobilier fut rachetée avec le reste des sièges pour le château de Fontainebleau en 1810. Aujourd'hui présentée à nouveau à Versailles, elle permet de constater combien Jacob, même s'il apporta quelques modifications, resta fidèle au dessin fourni par les frères Rousseau. Loin d'être limitée aux seuls appartements dévolus à la souveraine, l'activité des deux sculpteurs des Bâtiments s'illustra aussi dans d'autres espaces du château. Ainsi que le démontrent certains des dessins acquis en 1954, Jules-Hugues et Jean-Siméon Rousseau fournirent également des projets pour les petits appartements de Louis XVI, pour ceux de Madame Adélaïde, la tante du souverain, ou bien encore pour la chapelle royale. 

Notice de Xavier Salmon

 

1] Projet d'écran de cheminée pour le meuble d'hiver du Cabinet doré de la reine à Versailles.

Plume et encre grise, rehauts de lavis jaune et rose, avec tracé au crayon, sur papier crème.

MV 8062. Inv. dessins 668.

H. 0,219 ; L. 0,172


 

2] Projet de panneau de boiseries.

Plume et encre grise, avec tracé au crayon sur papier crème.

MV 8063. Inv. dessins 669.

H. 0,253 ; L. 0,980


 

3] Projet pour un décor de boiserie, pour les petits appartements de la reine Marie-Antoinette.

Plume et encre grise, avec tracé au crayon sur papier crème.

MV 8064. Inv. dessins 680.

H. 0,162 ; L. 0,196

Tracée à la plume et encre brune, une échelle est figurée en dessous du projet.


 

4] Projet de « Cul de lampe » pour les petits appartements du Roi

Plume et encre grise, avec tracé au crayon et rehauts de lavis, sur papier crème.

MV 8065. Inv. dessins 681.

H. 0,095 ; L. 0,137

A la plume et encre brune, plusieurs dimensions en pouce.

Annotation en haut : « 80 / cul de lampe pour les petits appartements du Roy » et en bas à droite : « on rajoutera les glands »


 

5] Projet de table pour la chambre des bains de Madame Adélaïde

Plume et encre noire, avec tracé au crayon, sur papier crème.

MV 8066. Inv. dessins 59.

H. 0,314 ; L. 0,264

A la plume et encre brune, plusieurs dimensions en pied, pouce et ligne.


 

6] Projet de lambris sculptés pour le cabinet de la Méridienne à Versailles

Plume et encre grise, rehauts de lavis jaune, vert, et prune avec tracé au crayon, sur papier crème.

MV 8067. Inv. dessins 665.

H. : 0,314 ; L. 0,264 Annoté à la mine de plomb en bas à droite : 2 pie 6 e


 

7] Projet de boiserie de la porte de la tribune de la chapelle royale du château de Versailles.

Plume et lavis d'encre de chine, avec tracé au crayon sur papier crème.

MV 8068. Inv. dessins 666.

H. 0,160 ; L. 0,271


 

8] Projet de cheminée pour le petit appartement de la reine à Versailles

Plume et encre grise avec tracé au crayon sur papier gris bleu. Reprise de la moulure de la tablette à la plume et encre brune.

MV 8069. Inv. dessins 667.

H. 0,207 ; L. 0,200

A la plume et encre brune, plusieurs dimensions en pied, pouce et ligne, et annotation indiquant : « Cheminée en griote et bronzes pour / le petit appartement particulier de la Reine »

Au verso, croquis de moulure au crayon

 

BIBLIOGRAPHIE

C. Baulez, 1985, p. 3 - 4 ; C. Baulez, 1990, p. 103, repr. fig. 13 ;

C. Baulez, 2001, p. 36, repr. fig. 10 ; X. Salmon, 2005, p. 118.