Commode de la bibliothèque de Louis XVI
N° d'inventaire: V 5885
Réalisé en 1778 par Jean-Henri RIESENER (1734 - 1806), maître en 1768
Marqueterie d'amarante, sycomore, tulipier, satiné, érable et acajou ; bronzes dorés, marbre en sérancolin des Pyrénées
H. 0,950 x L. 1,650 x Pr. 0,630 m
Estampillée 6 fois J.-H. Riesener ; marque au pinceau n° 2958 (Garde-Meuble de la Couronne) AR 242 (inv. Collection Alphonse de Rothschild à Vienne) KKU 838 (inv. Collections d'État autrichiennes) ; 24 sous le marbre ; étiquette 96/44
Provenance : Fontainebleau, cabinet de retraite de Louis XVI (1778 à 1784) ; Versailles, bibliothèque de Louis XVI (1784-1794) ; collection du dixième duc de Hamilton (Hamilton Palace) ; collection Alphonse de Rothschild.
Emplacement : Corps central, appartement intérieur du Roi, bibliothèque Louis XVI
Acquise en vente publique chez Christie's, Londres, le 8 juillet 1999, lot 201, grâce à madame François Pinault, avec la participation de la Société des Amis de Versailles et de la Versailles Foundation.
Riesener, fournisseur des meubles d'ébénisterie du garde-meuble de la Couronne, livra le 10 octobre 1778, « pour servir au Roy dans son Cabinet de Retraite au château de Fontainebleau », une commode exceptionnellement luxueuse enregistrée sous le numéro 2958 du journal du garde-meuble. Elle restera à Fontainebleau jusqu'en 1784 le cabinet de retraite étant démeublé car transformé.
Renvoyée au garde-meuble, elle sera expédiée à Versailles le 14 avril 1784 et disposée dans la bibliothèque du roi. Si cette installation reflète le goût royal, la commode de Riesener, le plus bel exemple de la manière de sa première période, est en accord parfait avec le cadre de la bibliothèque. La forme de la commode fut élaborée en 1774 : un puissant gabarit, un dessin géométrique, le panneau central trapézoïdal en ressaut, la rangée des trois petits tiroirs du dessus et les petits côtés concaves.
Les bronzes appartiennent au répertoire du mobilier exécuté pour Pierre-Élisabeth de Fontanieu, contrôleur général du garde-meuble de la Couronne, au tout début des années 1770. Sur ce modèle, Riesener livrera plusieurs commodes pour les princesses de la famille royale entre 1776 et 1778. La plus riche de la série sera destinée au roi. Le motif central représente un trophée pastoral imitant la peinture.
Ce tableau central est flanqué de quatre panneaux à décor « à mosaïque très ouvragée » renvoyant aux laques d'Extrême-Orient. Les éblouissants bronzes dorés attribués à Étienne Martincourt soulignent l'articulation architecturale du meuble. C'est dans la décennie 1770 que Riesener s'était montré le plus inventif mais surtout il créait un mobilier exprimant la majesté royale. Aliénée lors des ventes révolutionnaires à Versailles le 27 juin 1794, la commode fit partie de la collection du dixième duc de Hamilton.
Vendue à Londres en 1882, elle fut acquise par la branche viennoise de la famille Rothschild. Saisie par les nazis, puis présentée au musée des Arts décoratifs de Vienne depuis 1948, elle fut restituée aux héritiers d'Alphonse de Rothschild en 1998. Vendue en 1999 à Londres, elle a retrouvé sa place dans la bibliothèque, grâce notamment à un mécénat exceptionnel de Mme François Pinault, par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles.
Notice de Pierre-Xavier Hans.
BIBLIOGRAPHIE
Ch. Baulez, « La Bibliothèque de Louis XVI et son remeublement », Revue du Louvre , 2000, n° 2, p. 59-76.
D. Meyer, Le Mobilier de Versailles , tome I, Dijon, 2002, n° 36, p. 136.
P. Verlet, Le Mobilier royal français , tome IV, Paris, 1990, n° 19.