Le bon air et la bonne gräce

PAR MICKAËL BOUFFARD, DOCTEUR EN HISTOIRE DE L’ART ET CHERCHEUR ASSOCIÉ AU CENTRE DE MUSIQUE BAROQUE DE VERSAILLES

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le bon air et la bonne grâce sont décrits comme un certain « je-ne-sçais-quoy » insaisissable, un don du ciel que recevait la noblesse dès sa naissance. Ce lieu commun bien ancré dans les mentalités visait à couvrir un secret mal gardé : la grâce s’apprenait comme l’écriture ou l’équitation, à condition de commencer jeune, de s’y exercer plusieurs fois par semaine et de choisir un maître à danser compétent. En effet, c’est aux maîtres à danser que revenait la responsabilité d’enseigner le maintien et les bonnes manières, en plus du menuet et des autres danses nécessaires à la sociabilité. Ceux-ci divisaient donc leur programme pédagogique en deux parties : la danse prosaïque d’une part (qui comprenait les postures civiles de la vie courante, la marche, les révérences et le maniement des petits objets) et la danse poétique d’autre part (qui regroupait les danses de bal et de théâtre). Pour incorporer cette grâce du quotidien, les maîtres à danser ont inventé toutes sortes d’exercices et même des machines douloureuses comme le tourne-hanches. En analysant un certain nombre de portraits, de traités, de mémoires et de correspondances, cette conférence s’attachera à détailler les divers gestes et postures du corps aristocratique développés sous le règne de Louis XIV, puis diffusés à travers toute l’Europe pendant le XVIIIe siècle.


  • Participation

    Membres : 5€
  • Rendez-vous

    Salle Le Nôtre au Grand Commun - 1 rue de l’Indépendance Américaine - 78000 Versailles