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Bureau livré en 1685 par Oppenordt pour Louis XIV

Société des Amis de Versailles - Photo de l'objet

Nº d'inventaire: V.2015.43

Chêne, bois résineux, placage d'ébène et de palissandre de Rio, marqueterie en seconde partie de laiton et d'écaille rouge gravée.

Hauteur : 92 cm — Largeur : 101 cm — Profondeur : 54,5 cm


Ce bureau en chêne, placage d’ébène et de palissandre de Rio, fut livré en 1685. Le chiffre du roi est omniprésent dans la marqueterie de laiton et d’écaille rouge gravée. Ainsi que son pendant en première partie*, conservé au Metropolitan Museum de New York, le bureau constitue l’une des rares pièces de mobilier connues actuellement qui furent réalisées par Alexandre-Jean Oppenordt, ébéniste ordinaire du roi, lequel, avec André-Charles Boulle, figurent parmi les plus éminents artistes décorateurs du bois du règne de Louis XIV.

Ce bureau transformé, à deux rangs de tiroirs disposés dans les caissons latéraux et dans le renforcement médian, présente un plateau décoré d'un ample motif centré autour du monogramme à deux L entrelacés composés de palmes, timbré par une couronne royale surmontée par un soleil flanqué de guirlandes et chutes à fleurons feuillages. En dessous du monogramme royal, les branches latérales d'une petite fleur de lys se prolongent avec des volutes qui délimitent la réserve centrale. Celle-ci est flanquée en largeur par deux lyres d'Apollon, tandis que les écoinçons du plateau renferment des lys également monogrammés. Le chiffre du roi est omniprésent dans la marqueterie du bureau : il entoure les entrées de serrure sur les deux tiroirs des corps latéraux et sur ceux du caisson médian. Il forme également le motif central des grands panneaux des côtés dont les écoinçons sont eux-aussi fleurdelisés.

L'abattant laisse découvrir deux rangées de trois tiroirs, surmontées par des niches ouvertes et disposées de part et d'autre d'un caisson médian à une tablette. A l'intérieur, le bureau ainsi que le cadre de l'abattant garni postérieurement d'un maroquin rouge sont plaqués en bois de rapport. Le bureau repose sur deux groupes de quatre pieds en gaine cannelée, à tailloirs et bases en bronze doré, dont ceux aux extrémités ont été munis de roulettes et les autres finissent par leurs petites toupies en bronze, réunis par deux entretoises sinueuses à pièce centrale circulaire, recouvertes de motifs de rinceaux et de rosaces marquetés.

 * La technique de la façon en « première partie » et en « contre-partie » consiste en un traçage puis un dé- coupage minutieux à la scie de deux plaques superposées. Il s’agit en général d’une plaque d’écaille de tortue et d’une plaque de laiton. Ce découpage simultané permet d’obtenir deux motifs parfaitement identiques, lesquels, une fois inversés, permettent de composer deux décors différents : la « première partie » présente un motif en positif avec un fond d’écaille et une ornementation en laiton ; la « contre-partie » est quant à elle un motif en négatif avec un fond de laiton et une ornementation d’écaille.

Les bureaux, qui n’avaient pas été inscrits dans l’Inventaire général des meubles de la Couronne de 1705, figurent dans celui de 1729 décrits ainsi : « Deux bureaux de marqueterie d’écaille de tortue et de cuivre representans au milieu les chiffres du Roy couronnés et surmontés d’un soleil, et à chaque coin une grande fleurs de lis, aiant pardevant neuf tiroirs fermans à clef portés sur huit pilliers en gaine de même marqueterie à bazes et chapiteaux de cuivre doré. […] Leurs tapis sont de maroquin rouge doublés de serge et garnis de molet d’or ».

 A propos des bureaux

Commandés par les Bâtiments du roi avant juin 1685, les deux bureaux furent envoyés à Versailles pour « le Cabinet où le roi écrit ». Faisant auparavant fonction de cabinet de garde-robe, le Petit cabinet, situé derrière la Grande galerie du château de Versailles, entre le Cabinet des Termes et un autre cabinet exigu où se trouvait la chaise, communiquait aussi avec l’escalier demi-circulaire qui permettait la circulation privée de l’appartement du roi. C’est dans cette pièce que le bureau ainsi que son pendant furent installés dans les niches latérales. Considérés démodés sous le règne de Louis XV, comme la plupart des meubles de son bisaïeul, les bureaux furent soldés par l’administration du Garde Meuble de la Couronne, qui organisa plusieurs ventes des « Meubles du Roy », dont celle du 12 juillet 1751.

Nous ignorons les tribulations du bureau après cette vente. Comme beaucoup de meubles de provenance royale, il dut vraisemblablement quitter la France pendant les troubles de la période révolutionnaire. Toujours est-il que le bureau se trouvait au XIXe siècle en Angleterre et apparte- nait à Ferdinand James Anselm de Rothschild (1839-1898), lorsqu’il fut transformé en secrétaire de pente par l’adjonction sur les côtés et à l’arrière du bâti de panneaux de bois permettant de former l’inclinaison de l’abattant.

Fidèle dans ses amitiés, Ferdinand de Rothschild offrit le bureau à Constance Gwladys Robinson, marquise de Ripon. A son décès, le bureau fut hérité par sa fille, qui devenue Lady Duff fut une protectrice des arts et une amie des artistes. C’est de ses collections que le bureau fut vendu en 1963. 

Alexandre-Jean Oppenordt 

Originaire de la ville et duché de Gueldre, où il naquît vers 1639, Alexandre-Jean Oppenordt, fils de boucher, émigra en France dans les années 1655-1660. Il devint ébéniste ordinaire du roi en 1684, pour lequel il réalisa, entre autres, les médaillers pour le Cabinet des médailles du roi en 1684 et 1686, le bureau pour le Cabinet des curiosités en 1684, le parquet de la Petite Galerie de Versailles en 1686.

Le château de Versailles a préempté ce meuble royal, classé trésor national, lors de la vente judiciaire organisée par Fraysse & Associés les 17 et 18 novembre 2015.

Il a été acquis grâce au mécénat d’AXA et une partie du financement de 500 000 euros apporté par la Société des Amis de Versailles a été réalisée grâce aux dons faits en 2015 dans le cadre du partenariat avec la Fondation du patrimoine.

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